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(CercleFinance.com) - Le Dow Jones cède -2,4% et le S&P500 -1,8%... mais ces scores restent anecdotiques... car ce lundi demeurera pour probablement quelques décennies la séance du 'grand krach' sur le marché pétrolier.
Le cours du WTI devant être livré avec l'arrivée à échéance du contrat mai (ce mardi) a été pulvérisé par le télescopage entre le trading sur du pétrole virtuel et une lacune flagrante concernant l'appréciation de la contrepartie acheteuse et des capacités de stockage du pétrole 'physique' dans le monde réel.
Cela a donc donné lieu à un événement de marché incroyable, inconcevable, surréaliste : le baril de WTI livraison 'mai' voit pour la 1ère fois de toute l'histoire du pétrole (160 ans aux Etats Unis, avec les 1ers puits forés à Titusville en Pennsylvanie) son cours basculer sous zéro.
Quiconque détient un camion citerne peut le remplir et se faire payer jusqu'à 37,6$ par baril emporté... car ce fut le cours de clôture officiel ce lundi, au plus bas du jour et de l'histoire.
A 22H45, le baril de WTI remontait à -18$, l'inverse de son cours de la veille.
Le pétrole coûtait donc ce soir plus de 37$/baril à son propriétaire, qui perd potentiellement -55$ par rapport à vendredi (le baril cotait 18$).
Il y a fort à parier que fort peu d'acheteurs avaient eu la chance de payer aussi peu cher que 18$ lorsqu'ils se sont retrouvés propriétaires de dizaines de milliers de barils (150.000 contrats 'mai' négociés ce lundi) avec pas un seul acheteur pour en prendre livraison.
Si seulement il avait été possible de réinjecter les millions de barils en excédent dans les puits dont ils avaient été extraits, un tel bain de sang aurait peu être évité.
Alors bien sûr, cela ne concerne en apparence que quelques spéculateurs mal avisés, le contrat 'mai' n'existera plus demain et le WTi 'juin' retrouvera une valorisation presque 'normale' demain.
Sauf que que la chute de -310% (oui, il faut bien lire -310% !) du contrat 'mai' a provoqué une chute de -18% du contrat 'juin', tombé à 20,4$, puis de -9% du contrat juillet (à environ 27,3$).
Pourquoi le cours du 'strike' juillet est-il si élevé (de plus d'un tiers que le 'juin') ? Parce qu'il intègre le coût du stockage... alors que probablement, les capacités n'existeront pas davantage dans 2 mois si les producteurs de l'Oklahoma, du North Dakota continuent de pomper une huile dont personne ne veut (trop 'liquide', trop chère à transporter vers les raffineries du Sud des Etats Unis) et dont personne n'a besoin puisque l'économie est à l'arrêt et les capacités de stockage déjà à saturation (à tel point que 160 millions de barils restent à bord des tankers qui auraient du délivrer leur cargaison dans les terminaux pétroliers US).
La relative résilience du secteur pétrolier s'explique par le fait que l'effondrement du jour est 'exceptionnel', circonscrit à une petit nombre d'acteurs (qui subissent néanmoins un carnage difficilement chiffrable) et que les spécialistes sont déjà tournés vers les prochaines échéances mensuelles depuis la veille du weekend.
Les replis sont donc étonnamment modestes sur Occidental -7,6%, Pioneer National -7%, CMS Energy -6,3%, EXXON -4,7%, Chevron -4,1%, Marathon Oil -3,4%... et le géant des services para-pétroliers Halliburton qui a dévoilé une perte d'exploitation de 1Md$ trouve même la force d'une terminer sur un gain a priori anachronique de +0,9%.
Deux autres secteurs ont fait pire: les constructeurs de logement avec Vornado -9,3%, Essex Property -7,3%, Lennar -6,6%, puis les grandes enseignes comme Kohl's -7,7%, Norstrom -7,5%, Gap -6,1%,
Le Nasdaq n'a cédé que -1%, soutenu par Netflix avec un gain de +3,4% (record absolu à la clé, on compte 3 calls pour 1 put, un véritable plébiscite) et qui affiche un PER de... 75 fois les maigres profits anticipés.
Les replis l'ont nettement emporté avec Western Digital -6,6%, Micron -5%, Applied Materials -4,8%, United Airlines et American Airlines -4,4%, Delta Airlines -2,6%, NXP -3,9%, JD.Com et Apple -2,1%, -Microsoft et Intel -2%.