Je cède immédiatement à notre goût à tous pour les bilans et les statistiques, puisque le mois de mai vient de se refermer. Les actions européennes, personnifiées par le STOXX Europe 600, ont perdu 1,56% sur le mois écoulé et 9,11% depuis le début de l'année. J'ignore si des traders cabotins ou des algorithmes facétieux ont été à l'œuvre, mais les actions américaines, pour lesquelles j'utilise le S&P500, ont un bilan mensuel positif par la plus petite des marges, +0,01% en mai. L'indice cède encore -13,30% depuis le 1er janvier. J'enfonce une bonne grosse porte ouverte en écrivant que ça aurait pu être pire sans le net rebond entamé il y a dix jours, mais c'est vrai, quoi, ça aurait pu être pire. Et pourtant le script n'a pas été réécrit : inflation, politiques monétaires plus austères, pénuries, guerre… Mais la perception de la situation par les investisseurs a changé. Ils sont devenus moins complaisants aussi, ce qui est plutôt une bonne nouvelle vu que la complaisance est la source d'une bonne partie de nos excès. Ils sont un peu moins dans l'outrance aussi, même si ça reste à prouver puisque le FOMO n'est jamais très loin. Juin démarre donc dans un climat toujours tendu mais les marchés ont l'air sortis du mode panique. | | C'est une bonne occasion pour prendre un peu de hauteur. J'aime bien les "Longest Pictures" de Bank of America. C'est un document biennal publié depuis 2012 qui se propose une réflexion sur les stratégies d'investissement. En gros, il s'agit de lever la tête du guidon et de mesurer ce qui est en train de se passer sur les marchés financiers. La grande histoire derrière la petite, si vous voulez. On y retrouve par exemple des informations aussi réjouissantes que : | - Il y a 2000 ans, la Chine représentait 32% de l'économie mondiale.
- La plus ancienne entreprise encore en activité dans le monde est Kong Gumi, une entreprise de construction japonaise créée en 578.
- Le bilan de la Fed est passé de 4% du PIB US pendant la Grande Dépression à 11% pendant la Seconde Guerre Mondiale. Puis à 15% durant la Grande Crise Financière de 2008 à 36% à l'issue du Covid.
- Depuis 2000, les entreprises ont dépensé 9300 Mds$ en rachats d'actions et 6400 Mds$ en salaires aux Etats-Unis.
- Les taux d'intérêts viennent de quitter leurs plus bas niveau des 5000 dernières années. Comment déterminer les taux d'intérêts dans l'Empire Babylonien ? Les sources sont disponibles ici (page 19 du document).
| La banque américaine a plutôt eu le nez creux en ce qui concerne les remous du début de l'année. Mais pour elle, ils s'inscrivent dans une sorte de lame de fond qui préfigure un grand changement. Il est induit par les tendances sociétales (inégalité, polarisation, méfiance politique) et politiques (progressisme, populisme). Mais aussi par la géopolitique (guerre, sanctions), l'environnement (pénuries alimentaires/énergétiques, net-zéro), l'économie (fin de la mondialisation) et la démographie (déclin de la population chinoise). Or tous ces éléments ont en commun d'être inflationnistes, explique BofA. Dans un tel contexte, que la banque appelle la "grande réinitialisation", les thèmes haussiers sont les petites capitalisations, les marchés émergents (via la dépréciation du dollar), les actifs réels comme les matières premières, les infrastructures, l'énergie propre, la consommation asiatique et le transfert de la richesse des Baby-Boomers vers les Millenials. | A l'inverse, et pour le coup la banque prend un pari osé, les actions technologiques américaines devraient être le secteur le moins performant de la décennie. "La disruption technologique, le vieillissement démographique et la mondialisation ont été les trois tendances d'investissement les plus dominantes de ces 40 dernières années", explique BofA en ajoutant que les vents contraires sont maintenant légion contre les grandes plateformes technologiques. Il y a les facteurs économiques et financiers, comme la saturation du marché, la valorisation d'une partie d'entre elles et le contexte de taux haussiers. Mais aussi les conséquences des inégalités qu'elles ont alimentées : réponse fiscale et réglementaire des Etats, syndication notamment. La technologie américaine serait rejointe au purgatoire par les obligations, le crédit et le capital-investissement, des actifs dont la présence ici ne devrait pas surprendre ceux d'entre vous qui maîtrisent un peu les principaux engrenages financiers. | L'ambiance est porteuse en Europe ce matin, où l'on avait terminé la séance de la veille en baisse marquée. Les indicateurs avancés sont haussiers. Shanghai a levé aujourd'hui les plus importantes restrictions anti-covid imposées depuis deux mois à ses 25 millions d'habitants. Une perspective dont les marchés avaient déjà connaissance depuis quelques jours, mais qui contribue à renforcer le moral des investisseurs, qui attendent le réveil économique de la Chine depuis plusieurs mois. Il faut garder un œil sur le pétrole alors que l'OPEP envisagerait d'écarter provisoirement la Russie des accords de production, compte tenu des restrictions occidentales imposées à Moscou. Les principaux indices du Japon, d'Australie et de Corée terminent en hausse. C'est plus indécis à Hong Kong et à Shanghai. | Les temps forts économiques du jour | La journée est marquée par les indices PMI manufacturiers définitifs des principales économies, l'ISM manufacturier américain et l'enquête JOLTS sur les ouvertures de postes aux Etats-Unis (16h00). Les discours de Christine Lagarde (BCE, autour de 13h00) et de James Bullard (Fed, 19h00) seront très suivis. Tout l'agenda macro ici. Ce matin, l'Australie a annoncé une croissance trimestrielle de son PIB de 0,8%, légèrement supérieur aux attentes. En Chine, l'indice PMI Caixin est toujours en phase de contraction, mais il est en amélioration par rapport à celui du mois d'avril. | L'euro perd un peu de terrain à 1,0720 USD. L'once d'or se négocie en baisse à 1837 USD. Le pétrole s'est calmé avec un Brent de Mer du Nord à 116 USD le baril et un brut léger américain WTI à 115 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans remonte à 2,86%. Le bitcoin se stabilise autour de 31 600 USD. | Les principaux changements de recommandations | - Bavarian Nordic : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 290 à 280 DKK.
- B.P. Marsh & Partners : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 380 GBp.
- Bucher : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 670 à 650 CHF.
- Dätwyler : UBS reste à la charge avec un objectif de cours réduit de 414 à 374 CHF.
- Flatexdegiro : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 38 à 35 EUR.
- GEA Group : Exane BNP Paribas reprend le suivi à neutre en visant 40 EUR.
- Krones : Exane BNP Paribas démarre le suivi à surperformance en visant 104 EUR.
- MBB : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 176 à 170 EUR.
- Miliboo : GreenSome Finance reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 7,79 à 5,19 EUR.
- Rational AG : Exane BNP Paribas démarre le suivi à sous performance en visant 550 EUR.
- Rolls-Royce : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 95 à 100 GBp.
- Serco : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 185 à 215 GBp.
- Siemens Energy : DZ Bank reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 23 à 22 EUR.
- U-Blox : Credit Suisse reste neutre avec un objectif de cours relevé de 77 à 92 CHF.
- Ypsomed : Credit Suisse reste neutre avec un objectif de cours relevé de 160 à 165 CHF.
| En France | Annonces importantes (et moins importantes) | - Les immatriculations de voitures neuves étaient en baisse de 10,09% en mai en France.
- Saint-Gobain acquiert le spécialiste canadien de bardages Kaycan pour 928 M$.
- La FDA accorde la désignation de "traitement innovant" au lefanesoctocog de Sanofi.
- Kering finalise la cession de Girard-Perregaux et Ulysse Nardin.
- Crédit Agricole lance son augmentation de capital annuelle réservée à ses salariés.
- Gaztransport & Technigaz reçoit une commande de Hyundai Heavy Industries et de Hyundai Samho Heavy Industries pour la conception des cuves de quatre nouveaux méthaniers.
- Ipsen va racheter 125 000 de ses propres actions en trois mois.
- Technicolor a finalisé la vente de son activité Licences de Marques pour 100 M€.
- Société Foncière Lyonnaise émet 99 M€ d'obligations assimilables.
- Pharmasimple rachète 4 pharmacies.
- Capgemini, Boiron, Kaufman & Broad et Evolis détachent des coupons.
- Lumibird finalise l'acquisition de l'activité télémètres laser de défense du groupe Saab.
- Valneva nomme Thomas Decker et Michael Pfleiderer à son conseil scientifique.
- Showroomprive (SRP Groupe) finalise l’acquisition de the bradery
- Predilife émet de nouvelles OCEANES.
- Acheter-Louer rachète Allodata.
- Stemcis (Hybrigenics) conclut un partenariat pour la formation au protocole d’arthro-thérapie MYFILL.
- Sopra Steria tient son assemblée générale.
- Wavestone, Miliboo ont publié leurs comptes.
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