Engie/Equans: Bouygues signe une promesse d'achat, vise une marge de plus de 5%
PARIS (Reuters) - Bouygues a annoncé samedi avoir signé une promesse d'achat avec Engie en vue d'acquérir la filiale Equans de l'énergéticien français pour laquelle il attend une marge d'exploitation supérieure à 5% et des synergies pouvant représenter jusqu'à 200 millions d'euros par an.
Dans un communiqué, Bouygues indique que la société de services multi-techniques qu'il souhaite racheter sur la base d'une valeur d'entreprise de 6,7 milliards d'euros aura pour objectif d’atteindre, à moyen terme, une marge opérationnelle courante au-dessus de 5%.
Pour parvenir à cet objectif, le géant du BTP prévoit de déployer au sein du nouvel ensemble un plan d’efficacité opérationnelle.
"Le potentiel de synergies lié à la transaction est estimé, en régime de croisière, entre 120 et 200 millions d’euros par an, suivant les scenarii", écrit Bouygues, ajoutant que ces synergies sont en grande partie liées aux achats.
La transaction avec Engie, en incluant la dette, s'élève au total à 7,1 milliards d'euros, ce qui en fait l'acquisition la plus importante de l'histoire de Bouygues.
Cette opération, dont la finalisation est attendue au second semestre 2022, sera financée selon Bouygues par les ressources dont dispose actuellement le groupe et par "un emprunt bancaire totalement sécurisé auprès de banques partenaires".
Elle permettra, d'après Bouygues, de créer "un acteur mondial majeur des services multi-techniques, ancré en France, qui bénéficiera de fortes complémentarités géographiques et techniques, ainsi que d’une capacite d’innovation renforcée".
Le groupe contrôlé par la famille Bouygues a emporté la mise face à deux offres concurrentes (Eiffage et le fonds américain Bain Capital) en déboursant une somme dépassant les estimations qui circulaient dernièrement, soit entre six et sept milliards d'euros.
LE GOUVERNEMENT ET LES SYNDICATS ATTENTIFS
Le projet d'acquisition constitue un virage stratégique pour Bouygues déjà présent dans le BTP, la construction, les médias et les télécoms et qui pourrait ainsi grandir dans la transition énergétique et les services.
De son côté, après avoir déjà cédé son bloc d'actions dans Suez à Veolia ainsi qu'une partie de ses titres dans GRTgaz, Engie compte mettre à profit cette nouvelle cession pour se recentrer sur les énergies renouvelables et les activités de réseaux.
"C'est une étape majeure dans la construction du nouvel Engie. Nous nous donnons les moyens de notre croissance grâce aux 9 à 10 milliards d'euros de cessions prévues entre 2021 et 2023", déclare la patronne d'Engie, Catherine MacGregor, dans une interview au Journal du Dimanche.
"Cela nous permet de nous concentrer sur nos métiers clés, pour atteindre l'excellence industrielle dans les infrastructures bas carbone et les énergies renouvelables. Ce secteur est extrêmement concurrentiel, et Engie nourrit l'ambition d'en devenir le leader incontesté. Il nous faut donc être compétitifs pour y parvenir", souligne-t-elle.
Créé cet été, Equans regroupe une large gamme de services d'installation et de maintenance extérieurs aux activités de production d'énergie d'Engie.
La société est présente entre autres dans l'électricité, le chauffage, la ventilation et la climatisation, la réfrigération, la mécanique et la robotique, le numérique ou encore les services généraux (facility management).
Dans un communiqué, la CFDT dit prendre acte de la décision du conseil d'administration d'Engie de céder Equans au groupe Bouygues à l'issue de sa réunion extraordinaire de vendredi.
L'organisation syndicale ajoute s'inscrire "dès à présent dans le processus de négociation avec le repreneur afin de faciliter l'intégration de toutes et tous les salarié(e)s dans cette future entité".
La CFDT prévient cependant qu'elle est contre une vente à la découpe d'Equans et des suppressions d'emplois pendant au moins cinq ans.
Alors que l'Etat français est le premier actionnaire d'Engie avec près de 24% du capital, la cession d'Equans, qui emploie 27.000 personnes en France, est suivie de près par le gouvernement à quelques mois de l'élection présidentielle.
Le fournisseur de gaz et d'électricité avait fixé parmi ses critères de sélection la solidité du projet industriel, la qualité du projet social, la valorisation proposée et le risque d'exécution.
Pour convaincre Engie et ses syndicats, Bouygues s'est notamment engagé à ne procéder à aucun départ contraint en France et en Europe pendant cinq ans et à créer 10.000 emplois nets sur le même horizon de temps.
(Reportage Gwénaëlle Barzic, avec la contribution de Sophie Louet, rédigé par Claude Chendjou)
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