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mardi 11 janvier 2022

ANALYSE

 

Analyse : Les cabinets de conseil français

10/01/2022 | 10:12
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Depuis la crise, elles ont toutes le même profil boursier ! Véritables rouleaux compresseurs de la cote, les valeurs françaises des services et conseil en informatique ont bien profité de l’année 2021. Et cela aussi bien pour les petites capitalisations (Sword, Infotel) que les moyennes (Aubay, Wavestone, Neurones, SII) et les plus grosses (Capgemini, Alten). Par rouleau compresseur, les analystes Zonebourse entendent : valeurs avec de bons fondamentaux, qui évoluent dans un canal de tendance haussier présentant plusieurs corrections de faibles amplitudes, idéales pour renforcer ses positions. Parce qu’il n’existe pas de palmarès sans perdants, il convient tout de même de souligner les parcours plus difficiles de Sopra Steria et Atos, dont nous prendrons aussi le temps de parler.

Non, l’essentiel du boulot de consultant ne consiste pas à revêtir un costard sombre, à produire des pavés en PDF et à enchaîner les réunions de brainstorming dans le cloud… Ce secteur compte dans ses rangs de véritables forcenés du travail qui, à défaut de créer de la valeur, facturent leurs clients sans oublier les 0. Trêve de plaisanterie, vous l’aurez compris, l’objectif du jour est de présenter brièvement plusieurs entreprises françaises de ce secteur. Pour faire bonne mesure, vous en aurez dix.

Le business des cabinets de conseil

Les activités de ces champions de l’externalisation peuvent généralement être classées en quatre catégories, cependant la plupart des entreprises que nous allons présenter ont pour objectif d’aider leurs clients à développer, maintenir ou moderniser leurs outils digitaux (conseil en application & technologie) ou bien à résoudre des projets spécifiques et situations complexes (conseil en ingénierie). Le business plan est relativement simple : mettre à disposition d’une entreprise cliente des talents dont les compétences répondent parfaitement à ses besoins. Un schéma gagnant-gagnant, aussi bien pour le cabinet que pour le client qui n’a pas le luxe ou l’intérêt de s’offrir les services du diplômé à temps plein. En plus du conseil en applications & technologie et le conseil en ingénierie (métiers de la R&D et +) que nous venons de présenter, on retrouve le conseil en management & organisation (missions de réorganisation pour parvenir aux objectifs de la direction) ainsi que le conseil en stratégie & transformation (définir la stratégie d’entreprise pour être plus compétitif, booster la croissance ou réduire son impact environnemental par exemple). Aujourd’hui, il est assez difficile de classer des cabinets de conseil suivant ces 4 catégories tant les types d’offres auxquelles elles répondent font appel à plusieurs métiers et compétences. Cependant, petite astuce : si vous souhaitez comprendre le business d’une telle entreprise référez vous à ses offres d’emploi, vous aurez alors un échantillon de missions auxquelles le cabinet répond !

Les caractéristiques financières

La principale caractéristique financière des cabinets de conseil est le niveau très élevé des charges de personnel. Le risque le plus évident pour une entreprise de ce secteur se mesure avec le taux d’occupation de ses salariés. Il est trivial de comprendre que les talents dont dispose le cabinet doivent être un maximum de temps en opération chez le client et en plus de ça être diablement efficaces pour multiplier les missions. On retiendra d’ailleurs que les différents types de missions que nous avons présentés ne sont pas toutes facturés à l’identique. Alors qu’un conseiller en stratégie ou en ingénierie demande généralement entre 1000€ et 3000€ la journée, un développeur facturera plutôt 450 à 800€ par jour. La facturation au temps passé n’est pas non plus l’unique choix de rémunération possible et ne convient pas pour tout type de mission. La facturation à la performance, au forfait ou encore un mix des trois peuvent être plus adaptés dans certains cas.

Sachant que les entreprises présentées dans cet article ne communiquent pas (plus !) sur leur taux d’occupation, on paiera attention à la proportion des charges de personnels dans le chiffre d’affaires, qui, grossièrement, nous permet d’appréhender la valeur distribuée aux consultants par le cabinet vis-à-vis de ce qu’ils facturent. Même si l’interprétation de ce rapport est relativement simple, il convient de considérer les hypothèses qui nous permettent de tirer des conclusions de son analyse. Par exemple, le chiffre d’affaires comprend la facturation des frais administratifs qui permettent de rémunérer les fonctions supports du cabinet, autrement dit, les salariés qui ne sont pas des consultants. Deux entreprises peuvent donc avoir des structures de coût différent et la seule analyse du ratio Charges de personnel/CA ne vous permettra pas de comprendre laquelle est la plus stratégique. De la même façon, si le cabinet fait lui-même appel à des prestataires extérieurs, il est possible que le montant des charges externes dans le compte de résultat soit très significatif par rapport aux charges de personnels. Pour être plus pertinents, il conviendrait alors de retraiter ces postes et d’ajouter aux charges de personnels les frais d’intérim par exemple.

Enfin, avant de démarrer cette présentation, comprenez que la stratégie de ces groupes consiste en un mélange de croissance externe, de culture d’entreprise, de processus de recrutement avancés pour dénicher des talents et d’extension de l’éventail d'offres de services. Ensuite, les différentes sociétés peuvent se différencier par le type de clients auxquels elles s’adressent, leur orientation vers l’international, leur méthode de facturation et la gestion de leurs coûts.

SII

SII prononcé (S deux I) est un cabinet de conseil en systèmes d’information, application & technologie et de conseil en ingénierie. La quasi-totalité de son chiffre d’affaires est réalisé en Europe, en particulier en Pologne, Allemagne, France et Espagne. Ses principaux clients, AirbusThales évoluent dans le secteur de l’aéronautique, du spatial et de la défense (19.9% du CA de SII). SII propose aussi des services aux entreprises des Télécoms (15.1% du CA), aux banques et assurances (20.2% du CA) et à une multitude d’autres acteurs (Energie, retail, transport, santé…).

Son chiffre d’affaires estimé pour 2021 est de 763 M€, en croissance de 5.4% par an en moyenne depuis 2018. La marge d’EBITDA (IFRS 16) estimée pour 2021 est de 13%, juste en dessous de la moyenne du secteur à 13.3%. En 2020 l’entreprise comptait 8789 salariés. Toujours en utilisant les données du compte de résultat de cette même année, on obtient un ratio charges de personnel/ CA de 61%. L’entreprise présente une situation de trésorerie nette positive à 96,5 M€ et un PBR (valeur des capitaux propres / capitaux propres) de 4.2.

On notera que la société souhaite aller plus loin dans le secteur de l’aéronautique et du spatial en renforçant ses relations avec Dassault Systèmes et Safran. Le groupe, qui pèse 964 M€ en bourse, est aussi en mesure de répondre à des appels d'offres dans le secteur de la santé pour développer des outils de maintenance prédictive, de conseils d’utilisation ou de diagnostic plus efficace.


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