Un employé de la Ciergerie de Lourdes dans l'atelier à Lourdes, le 22 septembre 2020 (AFP/Archives/GEORGES GOBET)
Baisse de la demande, chômage partiel, chiffre d'affaires en chute libre: la seule fabrique de cierges de Lourdes, site majeur de pèlerinage catholique dans le monde, se lance dans le commerce en ligne pour trouver un nouveau souffle par temps de crise sanitaire mondiale.
"Cette année a été très sombre, la prochaine sera grise. Ce qui est important pour nous c'est de tenir jusqu'à ce que cette crise passe. On essaie de trouver des solutions qui peuvent passer par d'autres marchés et d'être novateurs", indique le directeur de la ciergerie, Patrice Le Morvan.
Créée en 1928, l'entreprise, principal fournisseur du Sanctuaire, qui absorbe près de 80% de sa production, s'est lancée dans le e-commerce face à l'effondrement du nombre de pèlerins provoqué par la pandémie de coronavirus.
Bougies, veilleuses, votives, toute la gamme de la Ciergerie de Lourdes est désormais disponible dans le monde entier, sur un clic, y compris le cierge de Lourdes, produit phare au blanc et bleu marial.
Autant de produits qui s'écoulaient jusqu'à présent dans les boutiques voisines de la Grotte où, selon la tradition catholique, la Vierge Marie est apparue à Bernadette Soubirous en 1858.
La société a profité du confinement pour accélérer sa démarche de digitalisation, initiée en début d'année.
- "Enorme impact" -
"Pour la première fois de son histoire, ce n'est pas le pèlerin qui va venir à Lourdes mais Lourdes qui vient au pèlerin", résume pour l'AFP Catherine Cervantès, la responsable commerciale de l'entreprise.
"Jusqu'à présent, Lourdes était accessible à tout le monde. Maintenant, beaucoup de gens ne peuvent plus venir, notamment les malades".
Des employés coupent les mèches des cierges dans l'atelier de la Ciergerie de Lourdes, le 22 septembre 2020 (AFP/GEORGES GOBET)
Dans l'atelier, où Bernadette de Lourdes trône en statue, seuls cinq employés, contre onze habituellement, s'affairent autour du manège, une machine servant à tremper les mèches en coton dans de la paraffine chauffée à 55 degrés. Les cierges seront ensuite coupés manuellement puis sciés mécaniquement.
"Nous nous trouvons au chômage partiel depuis le 1er avril et jusqu'au début de l'année prochaine, sans savoir où nous allons vraiment. L'impact de la crise est énorme", indique Mme Cervantès.
L'entreprise produit habituellement entre 300 et 500 tonnes de cierges, mais cette année la barre des cent tonnes ne sera sans doute pas dépassée. Une chute de quelque 70% du chiffre d'affaires, de 1,2 million d'euros en 2019, est escomptée pour 2020.
Très dépendante du tourisme spirituel, qui l'a hissée au rang de deuxième ville hôtelière de France, après Paris, toute la cité mariale, et ses 14.000 habitants, est frappée par la crise.
"Cette saison, nous avons eu 90% de baisse d'activité sur tout l'écosystème: les hôtels, les commerces de souvenirs, les transporteurs, la restauration... Toutes les activités qui sont liées à l'accueil des pèlerins", assure François-Xavier Brunet, le directeur de la Chambre de Commerce et d'Industrie des Hautes-Pyrénées.
- "Situation très inquiétante" -
"La situation est très inquiétante. D'autant que quand on anticipe ce que pourrait être la saison 2021, on est sur une perspective assez basse qui pourrait être de moins 70% par rapport à une année normale", s'inquiète-t-il.
L'annulation récente du pèlerinage du FRAT, créé en 1908 et qui devait réunir des milliers de lycéens catholiques d'Ile-de-France du 14 au 19 février 2021, a jeté une nouvelle ombre sur la saison à venir.
Contrôle de qualité dans l'atelier de la Ciergerie de Lourdes, le 22 septembre 2020 (AFP/GEORGES GOBET)
"Ce qui nous angoisse, c'est de nous dire que nous allons peut-être connaître à nouveau une année comme celle-ci. Et deux années de suite, ça va être très difficile, pour toute l'économie lourdaise. Nous sommes tous liés les uns aux autres", insiste Catherine Cervantes, de la Ciergerie.
"Les nouvelles qu'on a ne sont pas réjouissantes", confirme Giuseppe, gérant de +L'apparition+, une boutique de souvenirs située sur l'une des artère principales. "Maintenant, on peut simplement être optimistes et penser que ça va aller. C'est tout ce qu'on peut faire".
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