Covid-19 : ces BioTech françaises engagées dans la course aux traitements
Si les vaccins occupent le devant de la scène en matière de lutte contre le Covid-19, les traitements suscitent l’espoir des scientifiques. Si la maladie devait devenir saisonnière, à l’image de la grippe, ces derniers pourraient permettre d’en limiter les formes graves. De nombreuses BioTech françaises se sont emparées d'un sujet stratégique à moyen terme.
Le Covid-19 met les acteurs principaux de la recherche médicale française en difficulté. Tandis que Sanofi a annoncé repousser la demande de commercialisation de son vaccin à la fin de l’année 2021, prenant du retard par rapport à la concurrence étrangère, l’Institut Pasteur a tout simplement décidé d’arrêter les frais. L’espoir d’une percée tricolore repose donc désormais sur les BioTech, qui sont très nombreuses à s’emparer du sujet. Portées par le succès de leur homologue allemande BioNTech, dont le vaccin est produit par le groupe pharmaceutique américain Pfizer, elles planchent, au-delà des candidats-vaccins, sur des traitements visant à soigner la maladie une fois déclarée. Maddyness passe en revue les projets en cours, initiés aussi bien par des sociétés installées qu’émergentes.
Le sujet est éminemment stratégique. Certains acteurs engagés dans le développement de tels produits ont déclaré à La Croix que « les vaccins réduiront la taille de la vague mais ne l’empêcheront pas et, surtout, ils contribuent à augmenter les variants en circulation » . L’intérêt des traitements est, d’un côté, d’apporter une réponse à ces futures mutations sur Sars-CoV-2. De l’autre, il s’agit d’empêcher la survenue de formes graves de Covid-19 et ainsi limiter la saturation des services de réanimation. Or, c’est précisément ce facteur, très surveillé par les dirigeants politiques, qui influe sur l’instauration de nouvelles restrictions. Pour autant, la France ne saisirait pas pleinement sa chance. Des BioTech se désolent du manque d’accompagnement de la part des autorités. C’est le cas de Xenothera qui se désolait auprès de BFMTV d’avoir obtenu « comme seule réponse des encouragements ».
À l’image des vaccins, l’appui devra être plus marqué et les financements plus nombreux. Hydroxychloroquine, Remdesivir, Colchicine… Le repositionnement de médicaments existants – le fait d’utiliser un produit à d’autres fins que celles pour lesquelles il a été mis sur le marché – n’ayant pas vraiment porté ses fruits, des molécules spécifiques au virus sont à l’étude. Fin décembre 2020, le ministère des Solidarités et de la Santé a étiqueté une quinzaine d’études concernant les traitements anti-Covid comme des « priorités nationales de recherche ».
Celles sur qui l’État fonde ses espoirs
Basée à Nantes, Xenothera a été la première entreprise au monde à publier au sujet des traitements. Celui qu’elle a développé, nommé XAV-19, se destine « aux patients en début d’hospitalisation » . Il repose sur un cocktail d’anticorps polyclonaux qui, à l’inverse de leurs pendants monoclonaux, s’attaquent au Sars-CoV-2 sur plusieurs fronts à la fois. L’étude de la BioTech, en phase IIb et en cours en France comme dans d’autres pays européen, doit s’étaler sur l’année 2021 bien qu’une production soit espérée « d’ici à l’automne ».
L’ARN messager, qui se trouve au cœur des premiers vaccins anti-Covid autorisés en Europe (Pfizer-BioNTech et Moderna), est aussi à la base du futur traitement d’Abivax. La BioTech parisienne, fondée en 2013, met au point ABX464, « un traitement antiviral et anti-inflammatoire qui permet la réparation tissulaire » . Son étude clinique compte plus d’un millier de participants et devrait être parmi les premières à s’achever, à la fin avril 2021. Le but de l’entreprise est de commercialiser le produit dans le courant du troisième trimestre.
Également basée à Paris, Inotrem développe, pour sa part, une molécule qui a démontré de bons résultats précliniques. D’après les premiers résultats, le nangibotide diminuerait la « sévérité des défaillances respiratoires » dans le but de restaurer une réponse immunitaire appropriée en cas de Covid-19 déclaré. La phase IIa de l’étude, qui se tient en France, en Belgique et aux États-Unis, doit prendre fin dans le courant du mois de mars 2021.
Celles qui pourraient surprendre
Le Marseillais Génosciences Pharma cherche à « bloquer la réplication virale » par le biais de sa molécule GNS561, initialement pensée pour combattre les cancers du foie et du pancréas. Cette thérapie cible le mécanisme d’inhibition d’un processus de protection et de recyclage d’éléments cellulaires connu sous le nom savant d’autophagie lysosomale. Concrètement, cela a pour effet d’empêcher le virus de sortir des cellules. La BioTech n’a pas encore avancé de calendrier, aucune date de mise sur le marché n’est donc connue.
Le laboratoire pharmaceutique parisien AB Science mise, lui, sur le Masitinib qui se veut « insensible aux variants ». Cette molécule provoque une activité antivirale par l’inhibition de la protéase principale, qui est une enzyme « indispensable » au cycle de vie de l’ensemble des coronavirus. L’étude clinique doit courir jusqu’en juin 2021, alors que l’entreprise avait d’abord imaginé l’employer dans le cadre de la lutte contre la maladie d’Alzheimer.
Le Montpelliérain Medesis Pharma ne met pas au point un, mais bien deux traitements. À base de manganèse, le premier bloque les divers phénomènes inflammatoires sévères et permettrait de traiter de façon durable les cas graves de Covid-19. L’autre est un antiviral spécifique à cette maladie et sera destiné à la médecine de ville, pour traiter les premiers symptômes. Administrables par voie orale, les principes actifs du laboratoire en arrivent au stade de l’étude clinique. C’est pour financer cette dernière que l’entreprise a lancé le 26 janvier 2021 son introduction en bourse sur Euronext Growth Paris dans l’espoir de lever 5,5 millions d’euros – dont 75 % sont garantis et le montant peut être porté à 7,4 millions.
La BioTech parisienne Biophytis se concentre sur les causes de l’insuffisance respiratoire chez les plus de 65 ans. Elle affirme avoir trouvé une enzyme qui restimule cette fonction clé. Spécialisée dans les maladies du vieillissement, l’entreprise exploite les propriétés de son Sarconeos, développé comme un traitement indiqué pour les cas de dégénérescence musculaire mais dont les capacités stimulantes en fait un médicament contre les effets graves du coronavirus. L’étude clinique, en phase II/III, court jusqu’en septembre 2021.
Elle aussi basée à Paris, Acticor BioTech veut inhiber la fibrose pulmonaire grâce à sa molécule phare, le glenzocimab, qui prévient l’apparition du syndrome de détresse respiratoire aiguë associé au Sars-CoV-2. L’étude clinique est en cours au Brésil et en France et devrait rendre ses premières conclusions d’ici au mois de juillet 2021.
D’autres entreprises sont sur les rangs, bien qu’elles semblent moins avancées dans leur recherche. C’est le cas du laboratoire pharmaceutique lyonnais Fab’entech, qui concocte « un antigène de grande qualité adapté aux mutations du virus ». Son homologue antibois Nicox mise, lui, sur le naproxcinod, une molécule de sa conception qui pourrait bien servir d’anti-inflammatoire dans le cadre d’un traitement adjuvant – à prendre en complément d’un autre.
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