Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Vigilance sur le CAC40, cette semaine ! L’indice montre, en effet, les premiers signes d’un squeeze… À quoi correspond cette formation ? En quoi est-elle dangereuse ? Gilles Leclerc vous explique tout !
Cette semaine, la situation se corse : le CAC40 est entré entre dans une formation dite de squeeze – un signal que les adeptes des bandes de Bollinger connaissent bien. Si vous n’êtes pas habitué à ce genre de configuration, laissez-moi vous en résumer les principaux aspects…
Qu’est-ce qu’un squeeze ?
Un squeeze indique que la volatilité a baissé jusqu’à atteindre un niveau minimal. Les raisons de cette baisse de volatilité peuvent varier, mais généralement, elle se produit quand le marché est en attente d’une nouvelle importante dont il sait qu’elle va venir fortement impacter les cours. Ou encore (et ce sont les plus dangereuses) quand, pour une raison ou une autre, les acheteurs et les vendeurs ont de vues – et donc des stratégies – opposées. Ils s’affrontent alors dans une espèce de bras de fer jusqu’à ce que l’une des deux parties cède et que le gagnant puisse reprendre la main. Auquel cas, on observe généralement de forts volumes d’échange pendant le « bras de fer ». Ce qui n’est pas le cas, en ce moment (au contraire).
L’hypothèse à privilégier est donc qu’en ce moment, les opérateurs sont en position d’attente. Dans l’attente de quoi ? Difficile à dire. Sans doute de nouvelles (ou d’espoirs) en provenance du conflit ukrainien ? Mais plus probablement (à mon humble avis) parce que la semaine prochaine, les premières salves de publication de résultats du premier trimestre 2022 vont commencer à tomber aux Etats-Unis. Avec en première ligne, les banques qui vont ouvrir le bal.
Et c’est là que ça se complique…
Les résultats risquent d’être bons, voire supérieurs aux attentes. Par contre, comme à chaque publication de résultats, les dirigeants doivent dévoiler quelles sont leurs prévisions pour le reste de l’année.
C’est bien là le problème : le trio inflation galopante, durcissement des politiques monétaires de la Fed et hausse des taux (pour ne citer qu’eux) forme un cocktail au goût franchement amer. Il va falloir voir comment le marché y réagit. Je souhaite bonne chance aux dirigeants qui vont devoir se prêter à cet exercice. Mais ça risque d’être compliqué de tenir un optimisme béat, dans ces conditions.
Bref, retour à notre squeeze et aux implications que cela implique au niveau trading.
Attention, le squeeze est une configuration piégeuse
Un autre principe que connaissent bien les adeptes de Bollinger : une faible volatilité appelle une forte volatilité et une forte volatilité appelle une faible volatilité.
En clair et en décodé, cela signifie qu’après une accélération (forte volatilité), le marché se calme, passe par une phase de baisse de la volatilité. Quand le marché est calme (faible volatilité), avant justement des attentes concernant des publications ou des nouvelles susceptibles de changer la donne, il ne faut surtout pas s’y fier, c’est une espèce d’accalmie avant que le vent ne se remette à souffler (et généralement assez fort).
Autre conséquence : quand la volatilité baisse, les vagues d’impulsion – à la hausse ou à la baisse – sont de faible amplitude. Une chose à retenir quand on détecte un squeeze : les indicateurs techniques deviennent pratiquement inutiles, voire dangereux à utiliser. Les « vaguelettes » à l’intérieur du squeeze sont susceptibles de se retourner un coup à la hausse, un coup à la baisse pendant que les cours lambinent dans le squeeze.
Dernière chose : les squeeze sont extrêmement piégeux. Ils tentent souvent une fausse sortie en allant titiller une bande de Bollinger, avant de se retourner pour accélérer en sens inverse et de sortir en accélération du côté opposé.
Moralité : ne cherchez jamais à anticiper le sens de la sortie d’un squeeze. Temporisez (comme le font d’ailleurs les opérateurs du marché). Attendez que la « news » tant attendue soit publiée. Et suivez dans le sens que le marché décidera de prendre. Préparez-vous à une accélération. Placez un stop de l’autre côté de la bande de volatilité du squeeze. Et croisez les doigts.
J’ai un peu (beaucoup et intentionnellement) simplifié quelques règles et aspects des formations en squeeze, mais en résumé, vous avez l’idée de ce quoi est fait un squeeze.
Et le CAC, dans tout ça ?
Maintenant, pour rester cohérent avec les points hebdomadaires de ces dernières semaines, je vous propose une mise à jour de la vue 2 heures.
Les bandes de volatilité sont l’enveloppe grisée. Ce sont des bandes de Bollinger 100 périodes, écart-type 2. Pourquoi prendre 100 périodes (au lieu des 20 périodes habituellement utilisées) ? Parce qu’en prenant 100 périodes sur une vue 2 heures, vous pouvez immédiatement visualiser les bornes de volatilité, c’est-à-dire les bornes de prix dans lesquelles les cours peuvent bouger sur une vue journalière (5 X 20 = 100).
Et le squeeze dans tout ça ?
Un squeeze apparaît quand la volatilité tombe sous des niveaux les plus faibles constatés sur 150 périodes. Ils s’affichent automatiquement sur mes graphes – ce sont les petits indicateurs rouges qui viennent tout juste de s’allumer et qui entourent les bandes de volatilité. Ils viennent à peine de se manifester (petites pastilles jaunes), donc le squeeze est probable et attention, comme vous l’avez compris, ça risque de « swinguer » dans les jours à venir, sans que l’on ne puisse savoir exactement dans quelle direction.
Ceci dit, comme il faut tenir une position de trading, je vais simplement rester sur celles de la semaine dernière.
Pour rappel :
« Bref, à court terme, les conclusions de la semaine dernière sont confirmées et restent pour le moment identique à celles de la semaine précédente (résistance zone 6 800 / 6 850 points, tant que la zone des 6 400 points tient, pas d’alerte pour le moment). »
Constat a posteriori : soit dit en passant, dans les jours suivants, le CAC a fait un plus haut à 6 829 points (cf. flèche orange sur mon graphique).
« Tant que l’on reste entre ces deux bornes, le CAC ne pourra pas mettre en place une réelle tendance autre que sur des unités de temps courtes. »
Le CAC s’est approché des 6 400 points en clôture, hier soir. Ce sera le niveau à suivre dans les heures à venir.
En attendant les premières publications des bancaires la semaine prochaine et tant que l’on reste dans ce squeeze, j’éviterai soigneusement de prendre des positions supplémentaires.
Que la Force soit avec vous,
Bon week-end,
Gilles,