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jeudi 25 février 2016

AREVA

Areva reporte au dernier moment ses résultats annuels, après un accord de financement


Paris - Le groupe nucléaire en difficulté Areva a reporté jeudi de 24 heures la publication de ses résultats annuels en raison de la conclusion d'un accord de financement devant lui permettre de faire face à une importante échéance de dette qui aurait pu entraver son sauvetage.

Areva venant de trouver un accord avec six banques prêteuses sur un crédit relais de 1,1 milliard d'euros destiné à assurer la liquidité de l'entreprise pour l'exercice 2016, le conseil a décidé de différer de 24 heures l'arrêté des comptes pour permettre la finalisation de la documentation technique afférente à ces financements, a annoncé le groupe dans un bref communiqué publié en début de journée.

En conséquence, la publication des résultats 2015 a été reportée de 24 heures, a ajouté le groupe nucléaire public. Initialement prévue jeudi avant l'ouverture de la Bourse de Paris, elle aura donc lieu vendredi matin.

Les négociations avec les banques, parmi lesquelles Société Générale, Crédit Agricole et BNP Paribas, duraient depuis plusieurs semaines. Mais selon une source proche de Bercy, ce report de dernière minute fait suite à une intervention de l'Etat français, actionnaire à 86,5%, qui a commencé à élever le ton ces derniers jours pour obtenir d'elles de meilleures conditions de financement, peu attractives au vu de la situation difficile d'Areva.

L'Etat est intervenu pour que les négociations des conditions (de financement) soient davantage équilibrées et soient terminées pour la clôture des comptes, a indiqué cette source à l'AFP. Il a mis la pression pour que l'accord soit conclu le plus rapidement possible, c'est pour cela que la clôture des comptes a été reportée d'un jour pour permettre de finaliser les éléments techniques, a-t-elle ajouté.

Dans la foulée de cette annonce, la cotation d'Areva a été suspendue à la Bourse de Paris à la demande de l'Autorité des marchés financiers, après avoir clôturé à 3,68 euros mercredi soir, a précisé Euronext. Interrogé par l'AFP, le gendarme des marchés s'est refusé à tout commentaire.

Le nouveau prêt d'un an permettra au groupe endetté à hauteur de 6 milliards à fin juin 2015 de rembourser environ 1,3 milliard d'euros de dettes cette année, dont un important emprunt obligataire à échéance en septembre.

Il donne un peu de répit à l'ex-fleuron français de l'atome, lui permettant de poursuivre ses activités dans l'attente de la concrétisation de son renflouement par l'Etat, probablement début 2017, dans le cadre d'un plan de sauvetage destiné à assurer sa survie.

- Lourde perte -

L'augmentation de capital s'élevera à 5 milliards d'euros et des investisseurs minoritaires sont également conviés au tour de table. Le but de l'Etat est que la recapitalisation s'opère le plus rapidement possible, selon la source proche de Bercy.

Le deuxième volet du sauvetage prévoit la cession d'au moins 51% de l'activité de construction et de services aux réacteurs (Areva NP) à EDF sur la base d'une valorisation de 2,5 milliards d'euros. Areva en conserverait au moins 15% tandis qu'une participation minoritaire serait cédée à des investisseurs asiatiques.

Mais l'opération, dont la réalisation est prévue en 2017, bute encore sur le dossier du réacteur EPR en construction à Olkiluoto, en Finlande (OL3), un chantier qui accumule d'importants déboires, dont le consortium Areva-Siemens et son client privé finlandais TVO se rejettent la responsabilité.

Sous l'impulsion du ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, les deux parties tentent de trouver une issue à l'amiable à leur différend, soumis à l'arbitrage de la Chambre de commerce internationale où elles se réclament des milliards d'euros d'indemnités. 

En pleine restructuration, l'ex-fleuron français du nucléaire a déjà prévenu que ses comptes enregistreraient une forte perte en 2015 en raison notamment de nouvelles provisions sur des contrats dans les activités réacteurs, notamment le chantier de l'EPR en Finlande (OL3). 

Cette perte se chiffrerait entre 1 et 1,5 milliard d'euros, selon des informations de presse. Elle marquera le cinquième exercice d'affilée du groupe en territoire négatif, après un déficit record de 4,8 milliards d'euros en 2014.

Depuis sa création en 2001 avec l'ambition d'être un champion sur l'ensemble du cycle de l'atome, de l'uranium au réacteur, le groupe nucléaire a essuyé de lourds revers attribuables aux déboires de son EPR finlandais, au fiasco financier de l'acquisition d'Uramin et à la morosité du secteur nucléaire depuis l'accident de Fukushima (Japon) en 2011.

Une fois délesté de ses activités réacteurs, le nouvel Areva se recentrera sur le cycle du combustible nucléaire (extraction, transformation et recyclage de l'uranium) et verra sa taille divisée par deux: il emploiera environ 20.000 personnes pour un chiffre d'affaires de l'ordre de 4 milliards d'euros

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