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samedi 19 décembre 2015

VALLOUREC touché en plein fouet

Pétrole, restructurations, dossier Saint-Saulve: où va Vallourec'


Paris - Les temps sont durs pour le géant français des tubes sans soudure Vallourec, touché de plein fouet par la crise du pétrole, engagé dans une vaste restructuration de ses activités et marqué de près par Bercy.

Le ministre de l'Industrie, Emmanuel Macron, doit rencontrer lundi midi à Bercy le PDG du groupe Philippe Crouzet, pour exiger des baisses de salaires des dirigeants du groupe et une réduction du dividende aux actionnaires.

Cette année Vallourec, dont l'Etat détient indirectement près de 7,5% du capital, via Bpifrance et la Caisse des dépôts et consignations, avait maintenu inchangé son dividende au titre de 2014, à 0,81 euro, malgré des perspectives déjà peu reluisantes.

Dans la mesure où nous avons déjà annoncé des résultats a priori négatifs pour 2015, le dividende ne sera pas épargné pour cette année, assure à l'AFP Laurence Pernot, directrice de la communication de Vallourec. 

Quant aux dirigeants, ils feront des efforts sur leurs rémunérations, mais ce seraient des effets très à la marge, la priorité du directoire c'est de sortir le groupe de la crise, rappelle Mme Pernot.

L'évolution du cours de Bourse en dit long sur l'état du patient Vallourec: alors que son titre avait flirté avec les 120 euros en 2007, il tourne actuellement autour de 8 euros à la Bourse de Paris, son plus bas niveau depuis 2004. 

La chute vertigineuse des cours du pétrole, dont le baril s'échange désormais sous les 40 dollars, son cours le plus bas depuis 2009, a poussé les compagnies pétrolières et gazières à baisser considérablement leurs investissements dans les forages, dont le chiffre d'affaires de Vallourec dépend à plus des deux-tiers. 

Le groupe est aussi exposé au ralentissement de l'économie chinoise et à la récession au Brésil, où il compte deux usines et où il avait investi quelque 2 milliards d'euros ces dernières années. 

Vallourec est vraiment pris dans tous les mauvais coups (...), il conjugue tous les moteurs à l'arrêt en même temps, observe un analyste parisien interrogé par l'AFP.

- Pas de date butoir pour Saint-Saulve -

Ses comptes devraient rester dans le rouge cette année, pour la deuxième année consécutive, avec une perte nette cumulée sur les 9 premiers mois de l'exercice s'élevant déjà à 439 millions d'euros. 

Et 2016 s'annonce également compliqué, la direction n'entrevoyant pas d'amélioration des conditions de marché à court terme pour ses débouchés pétro-gaziers. 

M. Crouzet mise sur un rebond à partir de 2017. Un optimisme qui ne fait pas l'unanimité parmi les analystes du secteur, ni chez les salariés: Si le marché du pétrole ne remonte pas, on a de grosses craintes pour l'ensemble du groupe, confie Salvatore Benedetti, responsable CFDT chez Vallourec.

Pour s'en sortir, le groupe a lancé en début d'année un vaste plan de restructuration prévoyant la suppression de 2.000 postes dans le monde d'ici 2017, dont 565 en France sans recourir à des licenciements secs, pour dégager 350 millions d'euros d'économies.

Cependant la situation du marché est nettement plus mauvaise que ce que la direction avait envisagé en début d'année, souligne une récente note d'analyste de Credit Suisse, préconisant une restructuration plus radicale.

Si la situation ne s'améliore pas en 2017, Vallourec devra refaire des efforts en termes d'économies, mais cela pourrait s'avérer compliqué en France à l'approche de l'élection présidentielle, prévient Baptiste Lebacq, analyste chez Natixis.

Vallourec recherche depuis avril un ou plusieurs partenaires pour son aciérie électrique de Saint-Saulve (Nord). Faute de commandes suffisantes, celle-ci perd 30 millions d'euros par an et n'a tourné qu'un jour sur deux en moyenne cette année.

Mais alors qu'il espérait trouver une solution d'ici la fin de l'année pour ce site de 350 salariés, les tractations semblent avoir pris du retard. Il n'y a pas de date butoir pour une décision sur Saint-Saulve, fait désormais savoir Vallourec.

Le français Ascométal est partant, voyant dans ce site une aubaine pour y produire ses aciers spéciaux pour le marché automobile. Mais Vallourec, qui ne veut que conserver 20% de l'aciérie, étudie plusieurs offres et en attend encore une dans les jours ou semaines à venir, selon Mme Pernot.

etb/cb/pb

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